Augmentation du prix de l’énergie, attentes des consommateurs, évolution de la réglementation… Au-delà de son aspect éthique évident, les entreprises ont tout à gagner à s’engager en faveur du développement durable. Comme pour la planète, les bénéfices d’une stratégie durable se mesurent à long terme et non dans l’évolution ponctuelle du cours en bourse.
Un chercheur de l’International University Schloss Reichartshausen a réalisé une étude sur le lien entre la performance environnementale des entreprises et la performance de leur gouvernance. Ses résultats rappellent que le bénéfice de l’engagement dans une stratégie de développement durable doit se mesurer à long terme et non à court terme.
L’étude souligne en effet combien la politique durable des entreprises est incompatible avec certaines attentes d’investisseurs qui ne jurent que par des questions de rendement à court terme.
Entre début 2005 et mai 2009, l’étude s’est intéressée aux variations des cours de bourse des sociétés récompensées par des prix ou des distinctions saluant leur engagement en faveur du développement durable et de la préservation de l’environnement.
L’annonce de la récompense provoque une baisse d’en moyenne 0,83% du cours de bourse de la société en quatre jours. Depuis juillet 2007 et le début de la crise, l’effet est encore plus marqué : -1,81% !
2. Ce que pensent les investisseurs
On pourrait trouver la réaction paradoxale. En effet, en toute logique, le marché devrait saluer la stratégie d’une société dont les choix assurent sa pérennité. Mais comme l’explique Thibaut Dauphin, l’auteur de l’étude présentée par le quotidien Les Echos : « (les) investisseurs se concentrent sur une sélection d’opportunités d’investissement avec de grands rendements à court terme et donc finalement peu compatible avec les thèses du développement durable ». Ainsi, la baisse des cours vient de leur interprétation du fait qu’une entreprise qui se préoccupe de l’environnement « a retenu l’investissement dans le développement durable au détriment d’autres placements plus rentables », ce que les investisseurs sanctionnent.
L’étude met en évidence quelques différences selon les secteurs sur lesquels sont positionnées les entreprises récompensées pour leur politique de développement durable. Une entreprise distinguée a de grande chance de voir son cours augmenter si elle appartient aux secteurs des télécommunications, de l’informatique ou des matériaux (en moyenne +1,46% en quatre jours). La récompense a peu ou pas d’effet pour les entreprises de la finance, de l’alimentation ou du secteur de la santé. Les effets les plus néfastes sont relevés sur les cours de bourse de l’industrie, des services aux collectivités locales et pour le secteur des biens de consommation : – 3,42 %.