Développement durable : un ministère pour rien ?

Pour beaucoup d’observateurs, y compris des députés de la majorité socialiste, le limogeage de Delphine Batho traduit l’absence d’une véritable ambition écologique dans le gouvernement. La jeune ministre en a fait les frais.

Non, Delphine Batho n’était pas l’atout maître d’Europe Ecologie Les Verts (EELV). D’abord parce qu’elle n’était pas l’une des leurs. Installée dès juin 2012 au ministère de l’Ecologie et du Développement Durable après l’éviction expresse de Nicole Bricq, qui avait osé engager un bras de fer avec les compagnies pétrolière sur la question du forage offshore, la jeune socialiste (40 ans) s’est d’emblée vue reprocher ses carences écologiques, sa méconnaissance des dossiers et, plus globalement, un manque d’implication qui a toujours fait pencher la balance des arbitrages en sa défaveur.

« Un mauvais budget » selon Batho

Les coupes budgétaires (-7%) opérées dans son ministère (déjà amputé des Transports et du Logement) ont-elles illustré cette incapacité à peser en amont des décisions ? Car en aval, Batho n’a pas mâché ses mots : « Oui c’est un mauvais budget » a-t-elle lâché dès mardi sur les ondes de RTL, une franchise que certains ont vite assimilé à une sorte d’opération-suicide. Des propos qu’elle a d’ailleurs refusé de retirer et qui ont servi de prétexte à son sabordage.

Ancienne « élève » de Julien Dray sur les questions de sécurité, également proche de Ségolène Royal qui l’a mise sur l’orbite de la députation depuis son fief des Deux-Sèvres, Batho ne dépendait, contrairement à un Montebourg ou à un Valls, d’aucun courant de pensée majeur au sein du PS.  Isolée, réputée autoritaire en interne, mais par trop discrète médiatiquement, la ministre a été jusqu’à se brouiller avec son ancien Mentor Royal qui lui a reproché son manque d’investissement dans le dossier des voitures électriques d’Heuliez.

Arrivée de Philippe Martin

Non, Delphine Batho n’était pas l’atout maître d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) qui en fait malgré tout aujourd’hui un genre de Jeanne d’Arc environnementale, martyre écologique sacrifiée sur l’autel de la rigueur.  Batho avait pourtant soutenu le projet d’aéroport nantais à Notre-Dame des Landes, décrié par les Verts de Cécile Duflot, casé au Logement dès 2012. Cette dernière reste aujourd’hui la caution verte la plus visible au sein du gouvernement, loin devant son co-équipier Pascal Canfin installé dans l’ombre de Laurent Fabius, au Quai d’Orsay. Hier soir, les cadres du mouvement se sont retrouvés rue de Varenne où exerce Cécile Duflot afin de définir la stratégie à adopter au sein du gouvernement socialiste.

Ce matin, Pascal Canfin a évoqué un possible départ des ministres verts si « des actes » n’étaient pas très vite engagés pour faire « la transition énergétique ». Bluff ?

En attendant, Delphine Batho a, dès 8h45 ce mercredi, passé les rênes de son ministère à Philippe Martin, élu  PS du Gers, membre de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée. Peu connu du grand public, l’homme s’est, dans le sérail politique, notamment taillé une réputation de farouche opposant à la culture des OGM.

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