l’outil d’évaluation des services rendus par les écosystèmes doit permettre aux entreprises de mieux appréhender le lien qui les lie aux écosystèmes qui les entourent et les risques et opportunités pour leurs affaires qu’implique ce lien.
L’association des Entreprises pour l’Environnement, vient d’annoncer le lancement de la version française de l’Evaluation des services rendus par les écosystèmes aux entreprises, un outil déjà utilisé par plus de 300 entreprises et dont le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD) est à l’origine.
L’Evaluation des services rendus par les écosystèmes aux entreprises (ESR) permet à ces dernières de faire le lien entre l’évolution des écosystèmes qui les entourent et la réalisation de leurs objectifs économiques. Car les entreprises ont un impact sur les écosystèmes alors même qu’elles en dépendent fortement sans en avoir toujours conscience.
La dégradation des écosystèmes représente en effet des risques et des opportunités économiques pour les entreprises (sur les plans opérationnel, réglementaire/juridique, de l’image et de la réputation…) qu’elles doivent prévenir.
2. La notion de service des écosystèmes aux entreprises
D’après le plus vaste audit sur l’état des écosystèmes planétaires (Millenium Ecosystem Assessment ou Evaluation du Millénaire) réalisé en 2005, et qui met en évidence l’accélération de la dégradation des écosystèmes ces 50 dernières années, les écosystèmes fournissent de nombreux “services” (environ 24 recensés) aux entreprises.
Ces services sont classés en 4 grandes catégories : services d’approvisionnement (biens ou produits tirés des écosystèmes : nourriture, eau douce, bois d’œuvre…), services de régulation (les bénéfices tirés de la régulation par l’écosystème de processus naturels tels que le climat, les pathologies, l’érosion…), services culturels (écosystèmes de type loisirs récréatifs) et les services de soutien (cycle des nutriments ou production primaire qui servent de support aux autres services).
L’évaluation du millénaire envisage une poursuite du déclin des écosystèmes et donc des services qu’ils rendent aux entreprises et sur lesquels la pérennité de l’activité de ces dernières repose.
Avec l’outil d’évaluation des services rendus par les écosystèmes (ESR), les entreprises peuvent prendre conscience des conséquences de l’évolution de l’environnement qui les entoure et mesurer leur niveau de dépendance aux écosystèmes pour mettre en place des stratégies destiner à minimiser les risques ou maximiser les opportunités qui découlent de la dégradation des écosystèmes.
3. Exemple de risques ou d’opportunités pour les entreprises
Dans leur guide des pratiques pour l’identification des risques et opportunités issus de l’évolution des écosystèmes, les auteurs du World Resources Institute (institut mondial des ressources) donnent des exemples des risques ou des opportunités auxquelles les entreprises pourraient être confrontées et qui justifie d’avoir recours à l’ESR.
Risques :
– « L’énergéticien Energia Global au Costa Rica. Dans les années 1990, il a littéralement perdu sa source d’énergie lorsque des propriétaires fonciers locaux se sont mis à défricher les coteaux boisés en amont des barrages de l’entreprise, à des fins d’élevage et d’agriculture. Avec la disparition des arbres, les fortes pluies ont entraîné une érosion des sols, suivie d’un envasement du fleuve, provoquant une baisse du niveau des retenues d’eau et du rendement énergétique »
– « Unilever, la multinationale, a souffert de problèmes d’environnement marin. Le cabillaud, principale espèce de poisson utilisée dans ses produits alimentaires surgelés haut de gamme, a souffert de surpêche et les stocks ont décliné brutalement pour s’effondrer complètement à l’ouest de l’Atlantique nord. Les hausses de coûts spectaculaires qui s’ensuivirent ont réduit de 30% les marges d’Unilever »
Opportunités :
– Pour céder près de 5000 hectares de ses terres, l’énergéticien américain Allegheny Power a fait réaliser une estimation économique des bénéfices environnementaux commercialisables de son site qu’une expertise traditionnelle ne prenait pas en compte. L’éco-audit a permis de valoriser l’estimation à près de 33 millions de dollars au lieu de 16. Allegheny Power a toutefois vendu ses terres à l’Etat américain, pour 16 millions de dollars et a obtenu de pouvoir déduire les 17 millions restant de ses impôts à titre de don caritatif, réalisant ainsi de sacrées économies fiscales (plusieurs millions de dollars).
– Les 270 000 hectares de forêts de Potlatch, un fabricant de produits à base de bois aux États-Unis, étaient devenus la destination de nombreux randonneurs, campeurs, chasseurs ou ornithologues. L’entreprise a vu dans ces 200 000 visiteurs annuels un potentiel de revenus complémentaires qu’elle a décidé d’exploiter. Depuis 2007, l’instauration de droits d’usage lui permet de récupérer une partie de la valeur récréative de ses forêts.